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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/226

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Il faut croire que certains hommes sont naturellement sympathiques aux bêtes ou que leur sûr instinct, dans la grande détresse, les avertit mystérieusement ; peut-être bien aussi que Miraut, à bout de forces, était résigné à tout. Mais, lorsque Narcisse s’avança, il n’eut pas peur et il sentit en lui un ami.

Dès qu’il fut à portée de voix, l’homme, en effet, lui parla doucement et il savait parler aux chiens :

— Tia, mon petit, lia ! Viens voir ici, mon beau ; voyons, qu’est ce qu’il y a, voyons !

Et l’homme aborda le chien qui, non seulement n’avait pas fui, mais se tortillait aimablement pour saluer celui qui venait si opportunément à lui.

Le père Narcisse tapota le chien sur le crâne, le gratta sous le cou et sous les oreilles et tout en faisant cela, il se penchait sur le collier. Il lut difficilement la lettre gravée d’un poinçon malhabile sur une méchante plaque de fer blanc, clouée au cuir par deux rivets : « Lisée, cultivateur à Longeverne » et aussitôt ne put retenir un cri de stupéfaction, car entre chasseurs ou bracos d’une même région on se connaît ; il avait bu assez souvent avec Lisée aux foires de Vercel et de Baume et il connaissait déjà de réputation son brave chien dont Pépé encore lui