Aller au contenu

Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Lisée, ronflant formidablement, fut tout à coup surpris de sentir une langue douce et chaude lui laver les mains et le nez : il en ouvrit tout grands les quinquets, reconnut Miraut, jeta un coup d’œil inquiet sur l’escalier craignant l’irruption soudaine de sa tendre épouse, mais n’entendant aucun bruit et rassuré, il se laissa aller pleinement à l’attendrissement et à la joie de penser que son brave chien avait trouvé tout seul et malgré sa femme le moyen de le rejoindre.

Il le laissa monter sur le lit, le caressa et lui parla, tandis que Miraut, jappotant, riant et causant lui aussi, témoignait à sa manière sa bonne affection et son amitié à son maître.

Toutefois, prudemment, avant que sa femme ne fût de retour, il redescendit avec son camarade après avoir eu bien soin d’effacer sur le lit, autant que possible, toutes les marques du passage de la bête. Et toute l’après-midi il eut, devant la Guélotte, un air triomphant et narquois dont l’autre s’intrigua fort à chercher les causes qu’elle ne parvint point à découvrir. Dorénavant, dès que la patronne s’absenta de la chambre du poêle, Miraut monta lui aussi faire la sieste en compagnie de Lisée et le chasseur riait de bien bon cœur lorsqu’il l’entendait au pied du lit se ramasser pour l’élan.