Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/24

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sous du ménage ; qu’est-ce que je boirai, moi ?

— Tu te téteras, répliqua Lisée, philosophe.

— Ah oui ! tu peux bien plaisanter, grand voyou, grande gouape, grand saligaud ! Point de cochon, point de lard, point de jambon, point de saucisses. Tu mangeras ton pain sec, grand mandrin !

Cette réception n’était pas tout à fait du goût de Lisée qui commençait à en avoir assez de ces injures et de ces prophéties.

L’alcool, non cuvé encore, rallumait en lui ses vieux sentiments batailleurs. Il était temps que sa femme cessât et il le lui fit bien comprendre dans une réplique acerbe et virulente dont le ton ne laissait aucun doute sur la qualité des actes qui allaient suivre.

— Et moi, qu’est-ce que je mangerai avec mon pain ? continua-t-elle, gourmande.

— Tu mangeras de la m… nom de Dieu ! tonna-t-il !

La Guélotte se tut.

— Fais à manger à cette bête et vivement !

— Sale « viôce[1] », ragea la femme, en bousculant le chien.

Ce fut ainsi que Miraut entra dans la maison de Lisée.

  1. Viôce : chien répugnant, rouleur et crotté.