Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/251

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Les portes refermées, ils rôdèrent d’abord assez loin de la ferme, tournant de tous les côtés, repassant plusieurs fois aux mêmes endroits, examinant avec soin, guettant les issues, portes, fenêtres et lucarnes, notant les points faibles de la forteresse, cherchant à déterminer l’endroit précis où la chienne pouvait bien être enfermée. Ils se croisaient, se rencontraient, s’arrêtaient fixe, droit sur leurs pattes, dédaignant de se reconnaître, se jugeant sommairement selon leur taille et leur force et le plus souvent, au bout d’un instant, passaient sans desserrer les mile boires, sans même froncer le nez, continuant individuellement leurs recherches et investigations. La proie amoureuse était loin encore et ils n’avaient point, en effet, trop lieu de se disputer avant l’heure ce qu’ils n’étaient que fort peu certains d’obtenir. Ils faisaient pourtant deux cercles bien tranchés d’assiégeants : au centre et le plus rapprochés de la ferme, les gros, les grands, les forts : Turc le doyen, Miraut le hardi, Tom le joyeux, Berger le taciturne, quelques inconnus des métairies environnantes ou des villages circonvoisins ; plus éloignés, les petits, les mesquins, les roquets, non moins ardents ni acharnés que leurs camarades, mais craignant à plus d’un titre les coups de crocs et les raclées des premiers.