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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/257

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cette besogne. Au petit jour, la sortie du fermier les décida prudemment à gagner le large, mais ils ne s’éloignèrent pas beaucoup. Insensibles à la soif et à la faim, nourris par leur seule fièvre amoureuse, ils rôdaient aux alentours, ne perdant pas de vue la maison, attentifs à toute sortie, prêts à s’élancer dès que paraîtrait la chienne. Pas un ne déserta ; cependant quelques-uns, las de rester debout ou de trotter en vain, s’étaient choisis derrière un mur ou un buisson un léger abri, et de là, couchés sur le ventre, les pattes allongées en une altitude héraldique, ils attendaient la tête droite, le nez frémissant, les yeux attentifs, prêts à bondir au premier bruit, h la première senteur, au premier signal intéressants.

Vers midi, François ayant, pour ses besoins, fait sortir la chienne, tout simultanément, comme mus par le même ressort, sautèrent sur leurs quatre pieds, se réunirent en un groupe compact et suivirent avec des yeux arrondis et brillants tous les pas et évolutions du maître et de la bête. Dès qu’ils furent rentrés, il y eut une ruée générale de tous ces mâles vers les lieux parcourus. Les museaux ardemment se précipitaient aux endroits où la chienne s’était arrêtée et ils léchaient, reniflaient, humaient, très excités, bougeant les narines, fronçant les sourcils,