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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/260

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plus à Turc seulement qu’on en voulait : tous maintenant se détestaient ; la mêlée était devenue confuse : on lâchait un adversaire pour en attaquer un autre et il n’y avait pas de raisons pour que cela finit avant qu’ils ne fussent tous ou presque hors de combat. Au bout d’une heure, pas un n’était indemne ; certains boitaient, les muscles des pattes troués, les os meurtris ; d’autres saignaient et se léchaient ; d’autres, la mâchoire transpercée, les oreilles déchirées, se secouaient avec douleur ; Berger avait eu l’extrémité de la queue rasée net d’un coup de dent ; Tom une oreille décollée, s’écartait ; seul à peu près, dans cette affaire, Miraut, qui pourtant s’était toujours tenu au plus épais de la bataille et avait cogné et mordu en conscience, s’en lirait sans trop d’anicroches, un peu serré et froissé peut-être, mais n’écopant que de quelques coups de dents et insignifiantes déchirures à la cuisse.

Cette échauffourée refroidit notablement les enthousiasmes et la plupart des combattants se retirèrent ; de toute la bande restèrent Turc, acharné tout de même, malgré une patte en lambeaux qui avait abondamment saigné, et Miraut qui eut bien soin d’ailleurs, ainsi que son rival, de se dissimuler derrière de vagues buissons pour se soigner en paix.