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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/296

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dressaient le nez, battaient du fouet, s’approchaient sans défiance, se flairaient réciproquement le museau et le reste et, selon que cela leur disait, jouaient quelques minutes à se mordiller, à se rouler, ou à d’autres jeux encore d’une naïve obscénité.

Si d’aventure, dans les jeux de gueule, il arrivait à l’un d’eux de serrer un peu trop fort et qu’un léger nuage s’ensuivit, le jeu cessait purement et simplement et l’on partait chacun de son côté.

Miraut avait appris à connaître toutes les maisons du village et les ressources particulières qu’elles offraient selon les heures et selon les jours. Sans doute il était nourri chez Lisée et n’avait pas grand faim, mais toute trouvaille est une joie que décuplent encore le plaisir de la recherche et la fièvre de la découverte. Combien lui paraissaient supérieures à la pâtée domestique, et hautes en goût et pimentées selon la norme canine, les ventrailles faisandées et puantes découvertes en un coin de haie où les délivrances de vaches arrachées de vive lutte au fumier puissant dans lequel elles avaient croupi et fermenté !

Il savait que telle cuisine est toujours ouverte et que l’on y peut impunément boire, dans le seau des cochons, une eau savoureuse, épaissie