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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/299

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Père » sans trop montrer les crocs. Mais pour ceux qui étaient jeunes et solides, les rouleurs, les trimardeurs, commerçants d’occasion, industriels à la manque, marchands de peaux de lapins ou de mine de plomb, il resta impitoyable et féroce et faillit même faire arriver à son maître une sale histoire pour avoir déchiré, en même temps que les bandes molletières, un peu de la viande d’un gentilhomme cornemuseux qui mettait vraiment une insistance trop grande à vouloir, malgré les portes closes, souhaiter le bonjour à Lisée ou à la Guélotte.

Mordu et saignant, il criait qu’il irait trouver le maire si on ne lui payait pas des dommages-intérêts, une indemnité, la forte somme, quoi ! Philomen, qu’il ne connaissait point et interrogeait à ce sujet, lui apprit justement que les gendarmes arrivaient à l’entrée du village et qu’il pourrait bientôt, en toute justice, leur exposer ses griefs. La chose d’ailleurs était absolument fausse, mais l’autre, dont la conscience n’était probablement pas très nette, profita du conseil pour s’éclipser rapidement. Au reste, si Miraut n’avait aucun des instincts ni des habitudes du chien de berger et s’il ne s’approchait jamais des vaches, il n’en constituait pas moins un fameux et très sûr chien de garde. Son nez subtil, sa fine oreille l’avertis-