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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/300

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saient avant tout le monde de ce qui se passait aux alentours de la maison. Lui, qui avait tant massacré de poules au temps de sa jeunesse folle, protégeait maintenant ces bestioles domestiques, la nuit et en hiver, du putois et de la fouine ; le jour, des attaques de la buse et de l’épervier. Les lapins ne l’intéressaient plus ; il dédaignait profondément, et pour cause, leur insignifiant fumet, et même libérés de leur cage, il les regardait tourner autour de lui sans envie d’y loucher.

Durant le jour, quand il n’était pas occupé à sa tournée au village, il se tenait, soit auprès de Lisée, soit couché sur la paille de la levée de grange ou sous l’auvent de la porte de l’étable. Il signalait régulièrement par un aboi la présence d’un arrivant ou d’un passant, son oreille ne le trompant jamais.

Les soirs d’hiver, couché derrière le poêle avec les chats, on le voyait de temps à autre lever le mufle, pousser un grognement d’amitié, d’indifférence ou de colère et de surprise selon que c’était un ami proche, un parent, un voisin quelconque ou un étranger qui approchait. On pouvait même savoir quand c’était Philomen qui venait en traversant l’enclos. Miraut alors poussait la politesse jusqu’à se lever pour aller le recevoir à la porte ; si c’était un men-