Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/30

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maison et nous serons dévorés par les souris !

— Fous-moi la paix, nom de Dieu ! répliqua Lisée, révolté d’une telle injustice et de tant de lâcheté et ne te venge pas sur une bête sans défense.

» S’il a pissé ici, c’est pas de sa faute, c’est de la tienne. Tu aurais dû laisser la porte de la cuisine entr’ouverte, il serait allé à l’écurie ou à la remise ; il ne peut pas passer par les chatières, lui. D’ailleurs, c’est une bête propre, on me l’a dit, et cette nuit je l’ai entendu pleurer : c’était sûrement pour qu’on lui ouvre…

— Alors pourquoi ne l’as-tu pas fait ?

— Pourquoi ? pourquoi ? est-ce que je me souvenais ? Et puis, si on te le demande, tu diras que tu n’en sais rien.

» Maintenant, continua-t-il en sautant du lit, rêche et menaçant, si tu as quelque chose à dire, sors-le, mais tâche que je t’y reprenne à toucher à mon chien quand il n’aura pas fait de mal.

» Un bête gentille et douce qui a dormi toute la nuit à côté des chats sans qu’il y ait eu entre eux la moindre histoire ! Et tu viens me dire que c’est lui qui les a épouvantés, comme si ce n’était pas toi, espèce de rosse, avec tes grognements de truie qu’on saigne. Recommence, que je te dis ! recommence si tu as envie que je te « bredouche ».