Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/31

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— Doux Jésus ! attesta la Guélotte ; être fichue à la porte de chez soi par un chien ! Cochon, marmonna-t-elle entre ses dents, va, tu me le paieras, et plus d’une fois !

Vers midi, comme Lisée et sa femme achevaient, sans dire mot, de manger leurs pommes de terre, un bruit de souliers ferrés cria sur le seuil et la porte de la cuisine s’ouvrit bruyamment. Les jeunes chats qui jouaient à coups de patte, couchés sur le canapé, s’arrêtèrent en arrondissant les quinquets et Miraut, qui mangeait des épluchures derrière la chaise de son maître, dressa subitement son petit mufle.

— Wrraou ! bou ! bou ! s’exclama-t-il ! d’un ton cependant encore timide et incertain.

— Qu’est-ce que j’entends ? interrogea Philomen, petit homme nerveux, sec, vif et prompt qui, comme il l’avait annoncé, venait voir le cochon annoncé.

— Tiens, le voilà, le cochon, ragea la Guélotte en désignant de l’œil son mari.

— T’as donc ramené un chien ? questionna le chasseur, en tordant du pouce et de l’index sa forte moustache blonde. Ben ! elle est bonne, celle-là. Il ne se gêne pas, le gaillard, il fait déjà le malin, on voit bien qu’il se sent chez lui.

— Parbleu, elle est la maîtresse ici, cette viôce-là, reprit la femme.