Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/302

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de la chasse n’ignoraient pas qu’il se trouvait quelque part, dans une commune appelée Longeverne, un chien courant vraiment extraordinaire, épatant, mon cher, et qui faisait l’admiration de tous ceux qui avaient pu le voir à l’œuvre.

Et l’on venait le voir. Les gros bonnets du canton, le notaire, le juge, le receveur d’enregistrement, le percepteur, lorsqu’ils avaient besoin d’un lièvre, ne dédaignaient pas de pousser, comme par hasard, jusqu’à Longeverne et de venir proposer, au débotté, une partie à Lisée pour le lendemain.

Roublard et finaud, le chasseur, quand il avait le temps, acceptait pour ne point se faire mal voir de ces vindicatifs et jaloux personnages, mais il n’ignorait pas que ces flagorneries intéressées s’adressaient beaucoup plus au patron de Miraut qu’à Lisée lui-même, et l’orgueil qu’il jurait pu ressentir en était de beaucoup mitigé, car tous ces beaux phraseurs ne l’eussent pas seulement regardé s’il n’eût eu qu’une carne incapable de lancer, au lieu du maître chien qu’il avait la joie et l’honneur de posséder.

D’ailleurs, des que Lisée, contraint par la besogne, avait quitté la chasse commencée, le chien, s’en apercevant, ne moisissait pas en la compagnie des gens à chapeaux et rentrait aussitôt dans ses foyers.