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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/303

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— Vous ne le vendriez pas, votre chien ? demanda un jour au chasseur maître Gouffé, le notaire, Méridional hâbleur, menteur, traître comme l’onde elle-même, qui eût vendu son père pour traiter une affaire avantageuse et dont les paysans appréciaient beaucoup les qualités administratives.

Lisée éclata de rira à cette proposition. J’aimerais mieux vendre ma femme, ricana-t-il, et même la donner pour rien.

— J’ai pourtant un de mes amis à Besançon, un juge qui désirerait un bon courant, je lui ai parlé de Mirant. Il est millionnaire, vous savez, et en offrirait un très bon prix. Il viendra en auto un de ces jours, vous pourrez vous arranger.

— Jamais de la vie, protesta Lisée.

— Allons, mon cher, concilia maître Gouffé, il ne faut jamais dire : fontaine, je ne boirai pas de ton eau. Il viendra dimanche, vous verrez, je crois qu’il monterait bien jusqu’à cinq cents francs ; cinq cents balles, c’est une somme, réfléchissez !

— C’est tout réfléchi, trancha Lisée ; dites à votre juge qu’il continue à condamner les pauvres bougres au profit de quelques drôlesses pour faire plaisir au sénateur cocu de sa région et qu’il me foute la paix avec Miraut.

— Voyons, ne vous montez pas ; c’est un