Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/311

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abondante, perte momentanée de l’appétit et beaucoup de symptômes assez comparables à ceux de l’empoisonnement, mais cela ne se revoit pas aux gestations suivantes.

Bellone s’alourdit assez vile. Quand elle se sentit prête à mettre bas, ce que Philomen remarqua au sexe qui saignait un liquide rosé, elle s’éclipsa, chercha dans l’écurie un coin solitaire et écarté, piétina la paille, la cassa, l’assouplit et, dans le plus grand mystère, accoucha de six chiots que l’on découvrit le lendemain matin dans une couche propre, nette, entièrement lessivée par la mère qui s’était elle-même délivrée et seule avait vaqué à sa toilette personnelle et à celle de ses nouveau-nés.

Lorsque son maître la visita, il la trouva couchée en rond, les petits blottis bien au chaud dans son giron, se chevauchant, s’enchevêtrant l’un dans l’autre pour jouir de plus de chaleur encore. Le chasseur les prit un à un pour les examiner, tandis que la mère, les yeux inquiets, regardant tantôt celui qu’il venait de déposer, tantôt celui qu’il reprenait, le laissait faire cependant sans protestations.

C’étaient des espèces de gros boudins longs de quinze à vingt centimètres, queue comprise, absolument informes. Dans la tête, à peine distincte du corps, aux yeux clos, la bouche laissait échap-