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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/318

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Au bout de quelques jours la petite chienne, qu’on avait baptisée Mirette en honneur de son père, commença h ouvrir un peu les yeux, des yeux vagues d’un bleu gris, absolument sans expression et sans vie, petits globes translucides où jouait vaguement la lumière et qui sans doute ne voyaient rien encore. En même temps, les pattes lourdaudes prirent un extraordinaire développement et la tête, se détachant du cou. devint énorme par comparaison avec le reste du corps. La peau poussait plus vile que les muscles, pelure trop vaste, plissée au col et aux jointures et tendue sous le ventre. Miroite tétait avec une gloutonnerie admirable, passant d’un néné à l’autre avec rapidité et pressant avec énergie de pari et d’autre de la mamelle. Enfin, vacillant sur ses pattes, elle commença à explorer les frontières de sa couche.

Maintenant, lorsque sa mère l’abandonnait pour aller manger et faire son tour de promenade hygiénique, qu’elle ne sentait plus la douce chaleur naturelle qu’elle appréciait tant, elle essayait de la suivre des yeux, de ses petits yeux enfoncés sous leurs gros bourrelets de paupières au moins jusqu’à la porte, et pleurait comme un petit enfant dès qu’elle ne la distinguait plus. Mais ses chagrins ne duraient guère et, l’instant d’après, alourdie du repas, elle