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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/317

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lui restait, d’un étonnement plein d’angoisses. Ses yeux touillèrent tous les recoins environnants, elle gratta la couche avec ses pattes et, ne trouvant rien, fureta par toute l’écurie, derrière les crèches et jusque sous les pieds des vaches.

Sitôt qu’elle vit reparaître Lisée et Philomen, qui avaient eu bien soin de se débarbouiller les mains, elle vint à eux et les flaira. Les soupçonna-t-elle ? C’est possible, ses soupçons s’étendaient à tout son univers connu, mais tout à coup, craignant peut-être qu’ils ne lui enlevassent encore son dernier enfant, elle se précipita sur son lit et entoura son chiot avec une précautionneuse et craintive tendresse.

La petite bête, réveillée, chercha la mamelle aussitôt et la mère le lécha copieusement, ne s’interrompant que pour regarder les deux homme avec de grands yeux fiévreux, tout brillants d’une douloureuse inquiétude.

Deux jours durant, appréhendant quelque malheur nouveau, elle se refusa obstinément à quitter l’étable et l’on dut lui apporter à manger et à boire devant sa couche toujours propre, car les mamans chiennes, tant que les petits les tettent et ne mangent rien d’autre, nettoient elles-mêmes les ordures de leurs enfants en les avalant tout simplement.