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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/323

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nouvelle épouvantable : Philomen avait tué sa chienne.

Le camarade qui lui confia la chose et qui la tenait d’un voisin, lequel l’avait apprise d’un troisième, émettait au sujet des motifs ou des mobiles de cet acte des opinions contradictoires dont l’une au moins semblait si absurde que Lisée crut d’abord que c’était un bateau qu’on lui montait.

Suivant les uns, le chasseur, exaspéré par la mauvaise volonté persistante de la bête, lui avait, dans un accès de colère, envoyé dans les flancs tout le plomb d’une cartouche de quatre ; suivant certains autres, c’était un lièvre lancé, suivi de trop près par la chienne et tiré imprudemment, qui était cause de leur mort à tous deux ; suivant d’autres encore, la mort de Bellone était due à un accident, une chute qui avait fait partir le coup de feu juste dans la direction où elle quêtait.

Lisée, bouleversé, ne fit qu’un saut pour ainsi dire, de la Côte chez Philomen. Il trouva la petite chienne dormant sur le seuil de la porte, entourée des gosses qui pleuraient et lui disaient comme si elle eût pu les comprendre :

— Tu ne reverras plus ta maman, mais on t’aimera bien quand même.

Cela lui serra le cœur.