Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Elle est bien foutue, pensa-t-il, ce n’était pas une blague. Et songeant à la docilité de la bonne bête perdue qui, au signal de son ami, le suivait comme un second maître, il sentit papilloter ses paupières et éprouva le besoin de se moucher.

La femme de Philomen comprit le but de sa visite, Elle aussi, quoique moins sensible à ce malheur, avait les yeux rougis, car la chienne avait été élevée en même temps que son dernier enfant et elle était fort attachée à cette brave bête qui ne les avait jamais mordus et se prêtait complaisamment à leurs fantaisies et à leurs jeux.

— Où est le patron ? s’enquit Lisée.

— Sur son lit, à la chambre du fond.

Lisée traversa le poêle et ouvrit la porte : — Allons, mon vieux, fit-il à son ami qui, couché sur le côté, le nez au mur, essayait en vain de dormir pour oublier son malheur ; dismoi ce qu’il y a. Comment, diable, ça s’est-il passé ?

Philomen, à la voix de Lisée, montra sa figure contractée et ses traits douloureux :

— Tu sais ce que c’est, s’excusa-t-il. Je ne me cache pas d’avoir pleuré, c’est plus fort que moi. Dire que je l’ai tuée ! Ah, bon Dieu de bon Dieu ! Salaud de lièvre !

— Conte-moi ça, demanda Lisée.