Aller au contenu

Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

souvent le nez dans la direction de la forêt ; mais comme il n’avait ni boule ni entrave, cela le tenta moins et il résista assez longtemps aux poussées de son instinct.

Toute résistance a une fin ; qui a chassé, chassera encore, de même que qui a bu boira, et un beau soir, sans prévenir personne, il gagna la Côte. Une demi-heure après, dans la nuit très calme, son aboi forcené ravageait le silence.

Comme il n’était pas trop tard, tous ceux qui n’étaient point encore couchés et prenaient le frais sur le pas de leurs portes purent l’entendre :

— Ce sacré Miraut, hein : comme il les mène tout de même !

— Eh bien ! brigadier, il se fout de vous, celui-là ; il aime autant que la chasse soit fermée, ça ne lui fait rien, goguenards sans trop de malice le père Totome en s’adressant à Martet qui rentrait, recru de fatigue.

Celui-ci, très vexé, croyant à tort ou à raison que l’autre avait voulu lui faire une observation au sujet de son service, s’en vint aussitôt trouver Lisée.

— Vous entendez, Miraut, dit-il ; il chasse tant qu’il peut par les Cotards et tout le monde le sait. Je ne peux pas laisser la chose comme ça ; cet imbécile de Totome, avec son air bête,