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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/336

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lui céder une partie de la bonne place chaude qu’elle occupait. Dès qu’elle eut satisfait à son désir, il se coucha lui aussi tout près d’elle et, la télé sur les pattes, les yeux grands ouverts, se livra tout entier à des méditations certainement pleines de misanthropie.

Lisée s’en aperçut bien et il en fut quelque peu peiné, mais il ne crut néanmoins point utile de lui tenir de longs discours explicatifs dans le but de lui faire entendre que la chasse est permise à certaines époques et défendue à d’autres.

Il n’était point non plus nécessaire de mettre en garde Miraut contre les individus il uniformes et à képis, empêcheurs de chasser en rond, car le chien avait toujours manifesté à leur égard une antipathie et une méfiance aussi irréductibles que légitimes.

Faut-il en déduire que Miraut, en cela, partageait les préjugés paysans et bourgeois lesquels prétendent que la sueur puissante transsudée par la gent porte-bottes et, selon les uns, très chère parce que rare, selon les autres trop abondante et généreuse, éloignent irréductiblement de ces honnêtes fonctionnaires tous les êtres à narine délicate ?

Je ne le pense pas. En odeurs, de même qu’en goûts et en couleurs, tout est relatif et Miraut