Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/339

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vraiment un trop beau matin de chasse. La tentation fut si puissante qu’il n’y résista pas et décida qu’il partirait pour la forêt. Il n’y partit point toutefois directement comme d’habitude. Il n’ignorait pas que certains bipèdes mal lunés pouvaient se mettre en travers de son désir et de sa volonté, son maître ou un autre : aussi garda-t-il prudemment, tant qu’il fut entre les maisons, l’allure flâneuse du quêteur de reliefs, mais dès qu’il fut hors du village, il mit bas le masque et, profitant de l’abri des murs pour n’être point aperçu, se dirigea au galop par les voies les plus directes, du côté du sentier de Bêche.

C’était là, on se rappelle, qu’il avait lancé son premier lièvre, il s’en souvenait toujours, lui aussi et d’autant mieux que nulle saison ne se passait sans qu’il n’y chassât un nouveau capucin, l’ancien étant à peine tué qu’un autre venait immédiatement s’y établir.

Miraut, chassant seul et pour son compte personnel, était beaucoup moins loquace et bruyant que lorsqu’il était en compagnie de Lisée ou de Bellone. Les abois qu’il poussait dans ce dernier cas et qui n’étaient au début que des marques de joie, d’espérance ou de colère servaient encore et surtout à prévenir le ou les camarades et à donner au maître des indications. Dans sa