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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/351

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cherchait par tous les moyens à décider le seigneur et maître à se séparer d’un serviteur aussi dangereux pour le bon équilibre du budget domestique. Mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

— Une fois n’est pas coutume, répliquait Lisée. Quel est celui qui, dans ce bas monde, au cours de son existence, ne s’est exposé une fois au moins aux rigueurs de la loi ?

Ainsi moi qui suis pourtant un honnête homme et qui n’ai jamais fait de tort à personne, j’ai été un jour, devant le juge de paix, condamné à vingt sous d’amende pour tapage nocturne, et toi, toi-même qui gueules tant aujourd’hui, ne t’es-tu pas fait dresser procès-verbal pour avoir nettoyé des pissenlits sous le goulot de la fontaine et ne m’as-tu pas fait casquer huit ou dix beaux écus pour t’être prise de bec avec la femme de Castor !

Ces considérations qui rappelaient à sa conjointe quelques heures et circonstances pénibles de sa vie n’étaient point pour la réduire ni pour la calmer, attendu, ripostait-elle, que si par malheur on s’est trouvé obligé de verser de l’argent un premier coup, ce n’est point une raison pour s’exposer, de gaieté de cœur, à en donner une deuxième et une troisième fois.

On attacha Miraut pour qu’il ne pût se sau-