Aller au contenu

Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/353

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Au rebours de Martel lequel, malgré ses apparences sévères, son zèle intelligent et bien compris, représentait le fonctionnaire brave bougre et bon enfant, le garde Roy réalisait le type parfait d’imbécile méchant que le populaire a stigmatisé en disant de cette sorte d’individus : « c’est une belle vache » ! calomniant ainsi gratuitement une catégorie fort respectable sinon très intelligente de mammifères domestiques.

Roy, prudent, s’avança sous bois à pas feutrés et reconnut Miraut : il en frémit de joie. Cette fois il allait se signaler à son grand chef, dresser un procès-verbal qu’on ne ferait pas tomber comme beaucoup d’autres qu’il avait rédigés un peu trop bêlement et faire plaisir aux autorités. Il songea à se saisir du chien et à le ramener au village, mais prendre Miraut n’était pas chose facile. L’intelligent animal, dès qu’il le vit, crocha sans hésiter et s’éloigna au petit trop en le regardant de travers. L’autre, rusant, voulut avec douceur l’appeler : « Viens, Miraut ; viens, mon petit », et il sortit même de son sac un morceau de pain qu’il lui tendit, croyant l’attirer par ce procédé un peu grossier.

Miraut regarda le personnage avec un mépris non dissimulée ! ses yeux, clignotant vaguement