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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/354

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sous ses paupières, avaient l’air de dire à Roy :

— Imbécile, pour qui me prends-tu ?

S’il eût su parler et qu’il eût connu les usages parlementaires, il eût certainement ajouté :

— Voyons, crétin, idiot, tourte, je ne suis pas électeur que tu puisses m’acheter pour un morceau de pain.

Furieux de cette attitude, Roy marcha, puis courut, puis galopa vers lui et Miraut accéléra un petit peu son allure, juste assez pour se maintenir à bonne distance. Quand l’autre qui s’égratignait, se déchirait et perdait son képi renonça à la poursuite et s’arrêta, il fît halte lui aussi et, l’ayant encore bien regardé, se tourna ùn peu, leva la cuisse contre un tronc de foyard, lâcha en signe de parfait dédain et de profond mépris un jet soutenu,’puis s’éloigna définitivement après avoir fait voler haut, dans la direction du fonctionnaire, les feuilles mortes sous ses pattes de derrière.

Roy, exaspéré, descendit, sans perdre une minute à Longeverne et vint droit chez Lisée qu’il interpella insolemment :

— Dites donc, vous, voudriez-vous me montrer votre chien ?

— Vous-mon-trer-mon-chien ? scanda Lisée, et pourquoi voulez-vous voir mon chien ?