Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/362

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était revenu sur une décision prise un peu trop à la légère.

Sa femme pâlit et le fixa d’un air effrayant. Il sentit venir l’orage et se prépara à tenir tête.

— Avec quoi le paieras-tu, hurla-t-elle, ton dernier procès-verbal, dis, avec quoi ? Tu vendras une vache peut-être ; nous serons obligés de nous séparer d’une de nos meilleures bêtes ; nous nous priverons, je ne mangerai pas à mon saoul pour que tu conserves ici une charogne qui ne nous fait que des misères !

— C’est mon seul plaisir, répondit Lisée. Je n’ai pas besoin d’amasser, puisque nous n’avons pas de gosses et je ne me soucie pas de laisser des terres et de l’argent à tes neveux qui se ficheront de moi quand je serai mort.

— Oui, saoule-toi encore, et moi ici je crèverai de fatigues et de privations.

L’étranger, un peu gêné, essaya de s’excuser de la scène pénible qu’il provoquait en disant :

— J’en offrirais un bon prix.

— J’en ai refusé cinq cents francs, précisa Lisée, cinq cents francs, vous m’entendez bien, pas plus tard que l’année dernière.

— Ça t’a bien réussi, ragea la Guélotte ! Combien en offrez-vous ? demanda-t-elle au visiteur.