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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/363

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— Vous n’en trouveriez certainement pas la moitié à l’heure actuelle, affirma-t-il. D’abord, c’est un chien d’un certain âge et puis nous ne sommes pas à l’ouverture.

— J’attendrai, répondit Lisée, qui voyait là une occasion d’atermoyer.

— J’en donne trois cents francs tout de même, se reprit l’autre. Songez-y ! Pour un chien, c’est quelque chose.

— Lisée, supplia sa femme, changeant d’altitude et les larmes aux yeux, pour l’amour de Dieu, aie pitié de nous, aie pitié de moi ! Jamais tu ne retrouveras peut-être une telle occasion ; songe à la vache qu’il faudra vendre, dix litres de lait par jour ! Songe que ce ne serait sûrement pas tout, que les gardes t’en veulent, que les gendarmes t’épient, qu’ils nous feront tout vendre, qu’ils nous ruineront jusqu’au dernier liard.

— Vous en retrouverez un autre facilement, insista l’acheteur.

Une larme, qu’il essaya de refouler, monta aux yeux de Lisée ; il se moucha bruyamment tandis que l’autre concluait :

— Allons, topez là, et serrez-moi la main, c’est une affaire entendue. Allons boire un verre à l’auberge où j’ai laissé mon cheval.