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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/371

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— Ce me sera dur de le gronder, prévint Lisée, une bête avec qui j’ai passé de si bons moments et qui m’aime tant ! Mais c’est vot’chien maintenant et je ne le rattirerai pas.

— Allons le chercher, pendant qu’on mettra mon cheval à la voiture, décida M. Pitancet.

Durant leur absence, Mirautqui s’était rassis, puis recouché sur la paille, songeait très inquiet, en proie à des pensées contradictoires, à des soupçons multiples et à des craintes terribles. Il appréhendait le retour de Lisée, non point pour lui-même mais parce qu’il se doutait que l’autre s’attacherait à lui.

Pourtant, s’il lui avait voulu du mal, il n’eût pas tant attendu et du moment qu’il était parti, il ne reviendrait peut-être pas. Et qui aurait pu savoir les sombres pensées qu’il roula, les problèmes qu’il agita, et dont les manifestations extérieures se traduisaient juste par une inquiétude du regard, un froncement de paupières, des frémissements de mufle, de légers tremblements de pattes et l’obstination avec laquelle il regardait du côté de la porte.

Sa frayeur devint intense quand il perçut dans le sentier de l’enclos deux pas bien distincts qu’il reconnut aussitôt : celui de Lisée et celui de l’autre ; et elle s’accentua encore quand le son de la voix de l’étranger ne lui permit plus le