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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/372

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moins du monde de douter que c’était bien lui qui revenait. Il se leva tout droit sur sa couche, le cou abaissé au niveau des épaules, la tête allongée dans le prolongement du cou et fixa plus intensément encore la porte de la remise qui s’ouvrît bientôt et livra passage aux deux hommes.

Lisée avait un air sombre et fermé qui contrastait avec la physionomie joyeuse de son compagnon. Derrière eux, la tête ricanante de la Guélotte apparut à son tour et Miraut nettement se sentit sacrifié et perdu.

Qu’allait-il lui arriver ? Il n’en savait rien encore, mais il craignait quelque chose de pire que la prison et de pire que les coups. Il craignait : la crainte, dans certains cas, est plus cruelle que le malheur lui-même ; elle faisait pour l’heure battre à grands coups le cœur du chien.

— Viens, mon petit, viens ! appela d’un air aimable M. Pilancet ; viens près de moi, voyons, et il lui tapotait le crâne tandis que Lisée détournait la tête pour cacher son émotion.

— Grand imbécile, ricana sa femme. Tu ne ferais pas tant de grimaces pour moi ! Ce n’est qu’un chien !

Cependant, M. Pitancet ayant détaché Miraut lui tendait un bout de fromage, pour bien faire connaissance, affirmait-il ; ensuite de quoi il le