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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/386

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témoignait même de la gratitude à ses patrons, battant énergiquement du fouet quand on partait en promenade, tant que M. Pitancet, un beau matin, après huit jours d’accoutumance, crut qu’il n’y avait plus de danger de le voir repartir et le libéra de l’attache.

Ils se promenèrent côte à côte, mais du premier coup d’œil, Miraut avait bien vu que ceci était encore une épreuve et qu’à la moindre velléité de fuite il serait poursuivi et peut-être cerné et rattrapé. Aussi, dominant son désir de fausser compagnie à son gardien, il resta auprès de lui, obéit docilement, s’éloigna aussi peu qu’il le voulut, revint au premier appel lui lécher la main et continua deux jours cette comédie.

Elle réussit parfaitement et une après-midi, deux heures environ après la promenade, comme Miraut, simulant un besoin de pisser, demandait la porte, elle lui fut ouverte sans façons.

Il en profita pour rôder comme un flâneur autour de la maison, mais pressentant que, par un dernier reste de méfiance, on l’épiait peut-être, il vint se coucher sur le seuil et ferma les yeux.

Sa maîtresse qui vint pour le chercher, l’ayant aperçu dans cette posture, rentra aussitôt annoncer la chose à son mari, et lui affirmer :