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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/387

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Maintenant, c’est bien le nôtre et il ne pense plus à Longeverne.

Cinq minutes après, il filait sans hésitation aucune, reprenant tout droit le chemin de son village.

Il ne suivit aucune route, aucune voie, aucun sentier ; il n’essaya point de se remémorer, pour le reprendre à rebours, le trajet suivi par la voiture lors de sa venue, non, il alla le nez au vent, sûr de son fait, sûr de sa direction, tantôt au trop, tantôt au galop, jamais au pas, guidé par son flair souverain.

Lisée n’avait pu dormir la nuit du jour où partit Miraut. C’était un homme accablé : un de ses parents serait mort qu’il n’en aurait pus été plus triste. C’est que le chasseur, sans enfants et n’ayant point à se louer du caractère de sa femme, perpétuelle ronchonneuse, avait de tout temps reporté sur les bêtes, et particulièrement sur ses chiens qui le lui rendaient bien, toute l’affection dont il était capable. Miraut était pour lui comme un dernier né, un Benjamin chéri pour toutes sortes de raisons, d’abord pour la difficulté éprouvée à le faire admettre au logis, puis pour ses qualités personnelles extrêmement rares et précieuses, enfin pour la gloire qu’il lui avait valu, pour la réputation qu’il lui avait faite et aussi pour cette affection que, par