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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/388

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réciprocité, le chien lui avait vouée lui aussi.

Sans l’avoir dit, il comptait bien le ravoir, il était étonné qu’il ne se fût pas déjà évadé et se demandait avec une pointe de jalousie si une bâte tant aimée pouvait vraiment l’oublier si vile.

La Guélotte, paysanne avare, rapace, qui ne voyait dans les animaux quels qu’ils fussent que des sources de revenu, ne pouvait comprendre cette affection, pas plus qu’elle n’admettait la passion de la chasse, divertissement coûteux, bon pour les désœuvrés tout au plus et les richards, puisqu’il ne rapporte rien, même aux meilleurs fusils.

Tout chasseur était pour elle un homme taré, une façon de pauvre d’esprit, puisqu’il entend mal ses intérêts. Si elle eût su ce que c’était, elle eût dit avec mépris que c’était une espèce de poète, de poète qui s’ignore souvent (heureusement !) et goûte d’instinct et puissamment et sans arrière-pensée d’image et de facture verbales, les joies de la solitude, la beauté âpre et sauvage de lu nature parmi les décors perpétuellement changeants et toujours si frais et si beaux des champs, des forêts et des eaux.

Lisée certes aurait été bien incapable d’exprimer ses sentiments sur ce point et pourtant, lorsqu’un beau matin, avant le lever du soleil,