Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/41

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tes nids, fous-lui des coups de trique, autrement c’est fichu ! Ah ! ton homme aurait bien mieux fait de ne pas se saouler hier et de te ramener un petit cochon !

— Las moi ! se lamenta la Guélotte, accablée.

— Et s’il se met à les manger, les poules, ou à saigner les lapins, ou à courser les moutons ! Le Cibeau du maître d’école, celui qu’il a vendu à des messieurs de Besançon, lui en a fait payer pour plus de cent francs dans une année. On a beau avoir des sous, toucher des mandats du gouvernement, et faire les écritures de la « mairerie », gn’a bien fallu qu’il s’en débarrasse de sa sale rosse sans quoi les gens allaient faire des pétitions et le dénoncer tous les quinze jours jusqu’à ce qu’on lui foute son changement.

La Guélotte blêmissait. La perspective de toutes ces histoires, cette évocation des malheurs futurs poussés au noir encore par la méchanceté de la Phémie la révoltaient contre ce qu’elle appelait la bêtise et l’égoïsme de son homme.

— Pour son plaisir, rageait-elle, pour son seul plaisir, dans quelle position va-t-il nous mettre ? Et dire qu’il ne m’a même pas demandé avis ! J’suis donc la dernière des dernières : ah ! la grande vache ! la grande fripouille ! Mais ils n’ont pas fini, son sale Azor et lui, j’te leur en