Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/42

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foutrai des soupes claires et des pommes de terre cuites à l’eau, et s’ils deviennent gras, ce ne sera pas de ma faute !

— Tu devrais tâcher de lui faire crever sa rosse, insista la vieille teigne, c’est bien facile ! J’vais te dire comment on s’y prend : tu n’auras qu’à lui donner une éponge grillée dans du beurre ou dans du saindoux ; une fois frit, cela se réduit à presque rien ; comme cela sent bon la graisse, ces voraces-là te bouffent ça d’une seule goulée sans se douter de rien ; mais l’eau de leur estomac fait regonfler la machine ; au bout de quelque temps ça tient toute la place, ça ne peut plus passer ni d’un côté ni de l’autre et ils crèvent étouffés, les sales goulus !

» Et va-t’en chercher de quoi le Médor est claqué et courir après celui qui a fait le coup !

La Guélotte réfléchissait.

— Oui, évidemment, le moyen proposé était excellent pour se débarrasser de cet hôte encombrant, mais il n’était pas sans danger, quoi qu’en dit la Phémie.

Lisée aimait les chiens.

Dans sa longue carrière de chasseur il en avait vu de toutes sortes et de toutes couleurs : il en avait eu un — il y a bien longtemps de ça — mangé du loup ; un autre décousu par un sanglier, un troisième qui s’était tué en poursuivant