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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/425

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semelle, ne cessait de lui japper, de lui miauler des mots d’amitié, une bonne, plantureuse et réconfortante gamelle de soupe.

Miraut était tellement content que, malgré sa misère, il y toucha à peine d’abord, trempant le nez, avalant une goulée, puis regardant de nouveau son maître comme s’il eût craint encore qu’il ne l’abandonnât.

— N’aie pas peur, mon beau, n’aie pas peur, rassurait Lisée. C’est fini maintenant, nous ne nous quitterons plus.

Et pour qu’il arrivât à manger sa pâtée, il dut délaisser quelques instants ses amis et rester à côté de lui à lui parler et à le caresser, à lui faire des discours et des protestations, jusqu’à ce qu’il eût fini.

Les trois témoins étaient très émus.

— Entrez, mes vieux, entrez donc, invita Lisée, nous allons boire une bouteille. Ce ne serait pas la peine si un jour comme aujourd’hui on ne buvait pas au moins un bon coup.

— Ce n’est pas de sitôt qu’il repartira maintenant chasser tout seul, annonça Pépé en désignant Miraut. Cette aventure-là, mon ami, aura eu du moins l’avantage de l’assagir et de le corriger de ce défaut qui n’en serait pas un sans les gardes et les cognes. Tu verras, prédit-il, que maintenant il ne te lâchera plus : après une pa-