Aller au contenu

Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

surprise dans l’œil et dans le mufle, humbles et hésitants ou raides et rapides selon leur taille et le sens de leur force. Et ce furent des stations sans nombre dont riait Lisée tout en blaguant avec les voisins et en expliquant pourquoi il avait cru devoir retrouver un chien. Toutes ces rencontres furent favorables au nouvel arrivant, sauf toutefois la dernière qui se trouva être un peu tendue.

Souris, le roquet de la tante Laure, une vieille fille hargneuse qui avait façonné son chien à son image, accueillit le passage de Lisée et son commensal par sa bordée ordinaire et rageuse d’abois. Comme Miraut, déjà rassuré par la bonne réception des autres camarades du village, s’en allait vers lui, le poitrail haut, l’œil clair, la queue frétillante pour une salutation cordiale, l’autre, plus furieux que jamais, les babines méchamment troussées, se précipita pour le mordre, certain qu’il croyait être de prendre sur celui-là, plus faible, sa revanche des injures et des mépris dont l’accablaient les autres toutous du pays. Car les indigènes chiens de Longeverne, libres pour la plupart et vivant au grand air, ne pouvaient sentir ce casanier puant le renfermé, le moisi et la vieille pisse.

Miraut, sans défiance et quasi désarmé, eût, sans nul doute, écopé d’un coup de dent, d’autant