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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/56

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elle, toujours digne et grave et sévère l’inspecta minutieusement sur toutes les coutures et pertuis. Son nez, en effet, plus ou moins plissé, ce qui témoignait du mépris, de la surprise ou de la sympathie se promena de la gueule pour sentir ce qu’il avait mangé, au ventre pour y reconnaître la litière ou les compagnons, et ailleurs pour en discerner le sexe.

Quand elle fut bien convaincue par deux inspections complémentaires que c’était un mâle, son poil s’abaissa, ce qui indiquait que la colère, la méfiance et la crainte étaient abolies. Et elle se laissa complaisamment lécher la gueule par Miraut qui flattait en elle une puissance redoutable.

— Allons, c’est très bien, conclut Lisée, en lui donnant une petite tape d’amitié sur la tête ; vous voilà copains comme cochons, à présent. Et il la laissa, la queue frétillante, reprendre sa flânerie par les buissons et les haies, en quête d’os jetés ou de toute autre pitance plus ou moins haute en odeur et en goût.

On continua la traversée. Mais pas un azor du village, du roquet de l’abbé Tatet au semi-terre-neuve de l’épicière n’omit de venir mettre son nez sous la queue de Miraut pour faire connaissance.

On les voyait s’amener tous, un sentiment de