Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/61

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Enfin, quand elle en eut assez, comme elle ne voulait point le mordre pour le faire cesser, elle prit carrément le galop. Le jeune toutou voulut la suivre et prit son élan derrière elle, mais il n’était pas encore de taille à affronter à la course une bête aussi rapide et aussi bien découplée. Au bout d’un instant, il se retourna pour voir si Lisée, lui aussi, n’avait point pris le pas de charge ; mais placide et la pipe aux dents, le braconnier, les yeux rêveurs, s’en venait de son égale et tranquille allure.

Alors Miraut, éloigné de tous deux et ne sachant plus auquel aller, se mit à aboyer plaintivement, puis avec fureur des deux côtés, tandis que son maître, riant de son indécision et de sa colère, le rappelait à lui d’un geste et d’un mot amicaux.

— Viens ici, viens ! petit imbécile !

Un dernier coup d’œil à la chienne qui gagnait la lisière du bois, quêtant déjà, le nez à terre, un dernier aboi rageur à l’adresse de cette lâcheuse, et oublieux et déjà ragaillardi, Miraut, revint lécher la main pendante du patron.

On arriva à la coupe.

Le petit chien, marchant dans les foulées de son maître, s’empêtra si bien dans les branches et les rameaux qu’il en hurla de colère et que Lisée dut le prendre dans ses bras pour le transporter