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comme elle n’avait point désarmé, elle chercha par ruse à tromper sa vigilance. Tout en n’ayant l’air de s’occuper que de son ménage, elle s’arrangeait pour se rapprocher de la bête, soit qu’elle jouât avec les chats, soit qu’elle dormît dans un coin et, sans rien dire, tout à coup, lui labourait traîtreusement les côtes à coups de sabots.

La Guélotte se montrait cependant plus circonspecte quand Lisée était à la maison et ne rossait alors le chien que lorsqu’elle avait trouvé un prétexte plausible de correction dont le moindre était que ce sale chameau se trouvait toujours dans ses jambes, ou qu’il emplissait de poil le canapé, ou encore qu’il lapait continuellement l’assiette des chats et leur prenait leur place sur le coussin, sous le poêle.

Cependant ces trois bonnes bêtes étaient loin de faire mauvais ménage. Très souvent, après s’être mordillés pour rire, poursuivis sous la table et sous le buffet, avoir sauté sur les chaises et le canapé en lançant des vrraou et des pfff… aussi inoffensifs que menaçants, après s’être griffé la peau et tiré la queue, ils s’endormaient fraternellement côte à côte, les deux minets sur le jeune chien, leurs petites têtes carrées sur la poitrine de Miraut, en bons amis qu’ils étaient.