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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/85

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examen prolongé, frappa violemment d’une patte de derrière sur le sol. Cela claqua un coup sec et Miraut qui eut peur, faisant un bond prodigieux en arrière, alla étourdiment buter contre les jambes d’une vache. Celle-ci, surprise et effrayée à son tour, lui décocha instantanément un coup de pied et la frousse et la douleur arrachèrent au chien un aboi sonore. Alors les lapins, épouvantés également, se mirent tous en chœur, et comme s’ils eussent été pris d’une subite folie, à sauter dans la cage, et à tourner en rond, et à taper du pied, et à se bousculer et se mordre en poussant des piaillements suraigus.

Devant une telle sarabande, oubliant sa souffrance, Miraut réaccourut, puissamment intrigué, excité par tout ce tintouin dont il cherchait les causes, sautant d’un côté, sautant d’un autre, selon le mouvement de ces bêtes à longues oreilles, émerveillé peu à peu, donnant de la voix timidement d’abord, puis à pleine gorge, royalement heureux, l’œil brillant, arrondi, salivant de joie, prêt à sauter sur le premier qui sortirait, approchant de la cage, se reculant, faisant au gré de son caprice sauter, tourner et volter les lapins comme une bande de fous, tandis que les bœufs regardaient tout cela en meuglant.