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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/89

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» Et toi, continua-t-il, s’adressant à la grande Phémie, tu vas me faire le plaisir de foutre ton camp ; je commence à en avoir assez de tes histoires de brigand et de tes cancans de vieille bique.

Là-dessus, furieux, Lisée alla détacher Miraut, marmonnant en lui-même :

— Si on la laissait sortir aussi, cette bête, elle ne ferait pas de sottises !

La Guélotte qui, pour un empire, n’aurait voulu avouer ce qu’elle allait faire cuire, ravala sa rage en silence ; puis, craignant que son homme ne se doutât de quelque chose, elle cacha l’éponge avec soin et, toujours sans mot dire, vaqua jusqu’au soir aux travaux du ménage.

Elle n’exigea point que Miraut fût conduit à la remise pour la nuit et le laissa dormir en paix dans la chambre du poêle. Pour elle, triste et sombre et comme résignée à son malheur, elle tricota des bas au coin du feu et ne monta se reposer à la chambre haute que bien après que Lisée se fût lui-même couché et quand elle se fût assurée qu’il dormait profondément.