Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/91

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— Qu’est-ce qu’il y a encore ? Tu as au moins cassé ton sabot ?

— Non, répondit Lisée, mais il y a de l’eau dedans. Comment que ça se fait ?

— De l’eau dedans ! Qu’est-ce que tu chantes ? Comment veux-tu qu’il y ait de l’eau dans tes sabots ? Il ne pleut pas ici ; tu es encore saoul !

Elle s’approcha, puis s’exclama :

— Ah, grand serin ! ah ! c’est au moins bien fait, mais ce n’est pas de l’eau, imbécile, c’est de la pisse ! C’est sûrement ton beau petit chienchien qui te les aura arrosés, tes sabots. C’est au moins une pièce bien mise et voilà la première fois qu’il me fait plaisir, l’animal. S’il pouvait seulement recommencer tous les jours !

Lisée, un peu penaud, son sabot à la main, continuait à examiner le liquide.

— Trempe ton doigt et tu goûteras, continua la Guélotte ricanante, peut-être que tu ne douteras plus, après.

— Savoir, reprit Lisée jouant l’incrédulité, si c’est le chien ou les chats ; un chien, ça pisse davantage.

— Si tu trouves qu’il ne t’en a pas mis assez, dis-lui de repiquer un coup. Et elle riait, riait à pleine gorge, promettant de raconter l’histoire à tout le village.