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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/92

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— Miraut ! appela Lisée, presque convaincu, viens ici !

Tout joyeux et sans méfiance, le chien accourut.

Fronçant les sourcils, le maître, assez rudement le saisissant par le collier, le contraignit, bien qu’il résistât et renâclât, à mettre son nez sur le sabot compissé et gronda, enflant la voix d’un air courroucé :

— Cochon, petit salaud, qu’est-ce que tu as fait là ! hein ! Que je t’y reprenne, acheva-t-il en levant la main et en le menaçant !

Le chien, ne comprenant que le geste de colère et de menace, balayait le plancher de sa queue, se rasait, craintif, se demandant pourquoi son maître, habituellement d’humeur si égale, le traitait comme la patronne.

Lisée ne frappa point, les grandes corrections n’étant pas réservées pour les peccadilles de cette sorte où l’ignorance avait certainement plus de part que la mauvaise volonté.

Libéré, le chien n’en marcha pas moins sur ses talons, apeuré, léchant les mains qui se balançaient, voulant à tout prix reconquérir une affection et une estime dont il avait besoin, bien qu’il n’eût, à son idée, rien fait pour les perdre.

— Faudra pas recommencer, hein ! demanda le maître, conciliant.