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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/97

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autant que par devoir, de la soupe de son chien, s’assura qu’elle n’était point trop chaude, recommandant en outre à sa femme de ne saler que très peu ou même pas du tout, parce que, disait-il, tous les piments, condiments et assaisonnements dont les hommes sont friands gâtent le nez des chiens de chasse.

Là-dessus, il s’attabla. Mis en gaieté, il hasarda après la soupe quelques plaisanteries sur les lapins et les poules, ce qui excita la colère et lui attira de vertes répliques de sa conjointe.

— À ta place, répliqua-t-il, toujours de bonne humeur, je n’en mangerais pas, je la pleurerais et je réciterais quelques De Profundis et deux ou trois chapelets pour le repos de son âme.

— Oui, moque-toi encore de la religion, vieux damné, tu grilleras en enfer et ce sera bien fait.

— Pourvu que tu n’y sois pas avec moi, c’est tout ce que je demande.

La conversation dévia parce que la Guélotte venait de jeter sur le plancher une poignée d’os de volaille qu’elle venait de dépiauter.

— Ne me jette pas ces os-là au chien, conseilla Lisée ; ils ne sont pas bons pour lui ; d’abord, il ne les mangera pas.

— Ce n’est pas pour lui, c’est pour les chats, mais il ne manquerait plus que ça, que ce monsieur ne daignât pas y toucher.