Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/30

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dépassait jamais, à la quête, une certaine distance qu’une longue habitude et une entente réciproque avaient consacrée. Mais ce jour-là Lisée, par des sifflements brefs et réitérés, était obligé de rappeler son vieil associé aux conventions anciennes.

Le nez au vent, le fouet battant. Miraut éventait une proie et Lisée, pensant au sort de Goupil, frottait de joie l’une contre l’autre ses grosses mains calleuses. Mais il n’accentua pas son allure et continua son chemin vers le terrier où le chien qui l’avait devancé, campé sur ses quatre pattes, le mufle tendu, l’œil fixe, le corps écrasé, la queue rigide, n’attendait pour bondir que la présence et le signe de son maître.

Sous le poids du plateau de chêne qui s’était affaissé, Renard, efflanqué, à demi-pelé, gisait sur le flanc droit, l’arrière-train pris par le piège qui l’avait arrêté à la jointure des cuisses, et, le couchant un peu sur le flanc, avait protégé d’un choc mortel la colonne vertébrale du fugitif. Une mucosité blanchâtre sortait des narines et ses grands yeux rouges et chassieux s’étaient