Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/37

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d’œil sur l’intérieur mystérieux, puis, interrogé par les autres et n’ayant rien vu, se réfugiait dans un silence plein de sous-entendus.

Cette rumeur était une menace pour Goupil. Une sensation d’accablement envahissait de plus en plus son cerveau ; ahuri par tant d’événements il ne savait plus et devenait inconscient. Il ne s’aperçut pas que le jour baissait, mais il frémit lorsque le braconnier revint avec plusieurs autres ennemis de même odeur que lui et qui faisaient sortir de leurs pipes de longues bouffées de fumée bleue. Ils riaient.

Goupil ignorait l’odeur du tabac : elle le prit au nez et à la gorge comme l’étrangleuse avant-courrière de la mort. Il ne comprenait pas le rire. Si Miraut, observateur et fin, avait pu comprendre que ce signe extérieur chez son maître correspondait pour lui à des caresses et à des bons morceaux ; s’il s’essayait lui-même comme beaucoup de ses congénères à un retroussis plus ou moins gracieux des babines pour faire comprendre à l’homme sa bonne humeur et sa soumission, il n’en était pas ainsi pour le vieux