Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/38

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sauvage qui ne voyait dans cette manifestation que les chicots de dents, jaunis par le tabac, trouant des mâchoires féroces, et des ventres qui bougeaient comme s’ils eussent voulu happer d’eux-mêmes une proie convoitée.

Goupil ne pouvait établir de relations qu’entre ces dents qu’il voyait saillir et ces ventres qu’il voyait remuer, et c’était pour lui un signe terrible de danger et de menace.

Lisée parlait en gesticulant et les bouches devenaient plus grandes et les dents devenaient plus longues et les ventres se trémoussaient plus violemment et les physionomies devenaient plus terribles. Le dénouement était proche.

Tranquillement, comme pour en régler les derniers apprêts, les hommes s’assirent tandis que Lisée préparait les instruments qui devaient servir à la torture du condamné et que celui-ci, se mussant au coin du lit, essayait en vain de se dissimuler et aurait voulu se fondre et disparaître.

Enfin le braconnier parut avoir terminé. Il tenait d’une main comme une mâchoire noire