Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

honteux et vaincus, la femelle plus fluette docile au désir du maître.

Ah ! ces batailles au fond des bois, ces ruées féroces où les dents s’enfonçaient dans les toisons et faisaient saigner les chairs, ces duels hurlants à la suite desquels le vainqueur, blessé lui aussi et sanglant, jouissait de son triomphe, tandis qu’au loin, encore menaçants, les vaincus montraient les dents ou tournaient inquiets et plaintifs autour du couple attaché.

Goupil était un des forts ; il était souvent resté maître dans ces tournois nocturnes et avec une rage décuplée par l’insaisissabilité du but il suivait les multiples pistes où les pattes des rivaux se confondaient dans le trajet suivi par les bien-aimées ; mais le but fuyait, jamais atteint, car le grelot maudit, signalant la présence d’un intrus, réconciliait les rivaux devant le péril commun et faisait fuir toujours les groupes amoureux.

Et toutes les nuits il courait, lâchant une piste pour en suivre une autre, dans l’espoir, toujours déçu, que les glapissements d’appel qu’il