Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/73

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ver le comte. Des sangliers, lui dit-il, étaient remis au fond de la combe aux loups et par le beau clair de lune qu’il faisait on pouvait aisément leur donner la chasse. Aussitôt, chasseur enragé, oublieux de ses devoirs, le comte fit seller des chevaux pour lui et ses valets et amener les chiens. Mais sa pieuse dame, tant pleura et le supplia qu’il consentit enfin, quand la cloche sonna pour le divin office, à prendre à l’église sa place sur le fauteuil rouge, sous le baldaquin doré qui leur était réservé.

Les chants avaient commencé déjà, mais un pli de regret barrait le front du seigneur, quand le mystérieux inconnu entrant dans l’église sans se signer, vint de nouveau trouver le comte et lui parla bas à l’oreille.

Le malheureux ne résista plus et, malgré les regards suppliants de sa dame, il partit suivi de ses valets. Bientôt on perçut au loin les abois de la meute et pendant toute la durée de la messe on entendit comme un blasphème la chasse hurlante qui tournait dans la campagne. Et tous avaient des larmes dans les yeux et priaient avec