Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/74

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ferveur. Cela dura toute la nuit, puis soudain la chasse se tut. Mais le seigneur ne reparut point au château ; il disparut avec sa meute infernale et ses valets serviles et il expie durement en enfer ce sacrilège pour lequel Dieu l’a condamné tous les cent ans à revenir la nuit de Noël chasser avec ses chiens à travers la nuit. La malheureuse comtesse mourut dans un couvent ; quant à l’inconnu qui avait entraîné son époux, personne ne le revit jamais non plus et chacun pensa bien que c’était le diable.

Notre mère n’a pas entendu la chasse, mais sa grand’mère l’entendit : comme ce soir, par un sombre minuit, c’était… »

Au même instant, un hurlement lugubre, un hurlement de mort, tragiquement long, passa comme une traînée d’horreur sur le village, et à ce signal magique, tous les chiens aussitôt, tous ceux du village et des fermes, répondirent par un hurlement lugubre et prolongé. Le bruit enflait comme une menace et mourait comme un sanglot. Fini, il recommençait ou plutôt il ne finissait pas, il baissait en modulations angois-