Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/83

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vail des transformations chimiques, de l’aspiration des racines et des sèves en marche.

La réparation de ses couloirs sollicitait son activité réveillée. D’en haut, comme des cordages verticalement tendus, de longues racines blanches pendaient, d’autres jaillissaient d’en bas, chaque jour il en poussait de nouvelles, et, comme un bon ouvrier, comme un garde forestier qui, le printemps venu, élague avec soin les tranchées de sa forêt, elle passait chaque jour pour rompre de ses pattes de devant, aux scies redoutables, ce lacis blanchâtre de racines envahissantes.

La tiédeur de sa demeure augmentait par degrés, et de plus en plus Nyctalette sentait courir autour d’elle les aspirations de la vie, le flux enivrant des sèves brutes dont les capiteuses émanations montaient en elle comme un jeune vin, provoquant des saouleries lourdes plus accablantes cent fois que celles qui font bramer d’amour, aux jours de printemps, les cerfs ivres de la tendre pousse des jeunes bourgeons.

Les insectes réapparaissaient ; les vers, des-